jeudi 3 décembre 2009

LE NID DE FAUVETTE (Berquin)

LE NID DE FAUVETTE.

Je le tiens ce nid de fauvette !
Us sont deux, trois, quatre petits !
Depuis si longtemps
je vous guette;
Pauvres oiseaux, vous voilà pris!

Criez, sifflez, petits rebelles,
Débattez-vous; oh! c'est en vain:
Vous n'avez pas encor vos ailes ;
Comment vous sauver de ma main ?

Mais quoi ! n'entends-je point leur mère
Qui pousse des cris douloureux?
Oui,
je le vois, oui, c'est leur père
Qui vient voltiger autour d'eux.

Ah ! pourrais-je causer leur peine,
Moi qui l'été dans les vallons
Venais m'endormir sous un chêne
Au bruit de leurs douces chansons ?

Helas ! si du sein de ma mère
Un méchant venait me ravir,
Je le sens bien, dans sa misère
Elle n'aurait plus qu'à mourir.

Et je serais assez barbare
Pour vous arracher vos enfants !
Non, non, que rien ne vous sépare;
Non, les voici,
je vous les rends.

Apprenez-leur dans le bocage
A voltiger auprès de vous;
Qu'ils écoutent votre ramage
Pour former des sons aussi doux.

Et moi, dans la saison prochaine,
Je reviendrai dans les vallons
Dormir quelquefois sous un chêne
Au bruit de leurs jeunes chansons.

Par Berquin (1749-1791)

Extrait de : "Le nid de fauvette" , l'Ami des enfans (1794)

Voir aussi : "Le nid de fauvette ou abécédaire ornithologique", 1816