samedi 31 décembre 2011

À la promenade

A la promenade

Le ciel si pâle et les arbres si grêles
Semblent sourire à nos costumes clairs
Qui vont flottant légers avec des airs
De nonchalance et des mouvements d'ailes.

Et le vent doux ride l'humble bassin,
Et la lueur du soleil qu'atténue
L'ombre des bas tilleuls de l'avenue
Nous parvient bleue et mourante à dessein.

Paul VERLAINE   (1844-1896)

dimanche 18 décembre 2011

Le corbeau et le Renard (Jean de la Fontaine) 

 

LE CORBEAU ET LE RENARD.

Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage:
"Eh bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli! que vous me semblez beau!
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots, le corbeau ne se sent pas de joie;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec et laisse tomber sa proie.
Le renard s'en saisit, et dit: "Mon bon monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute."
Le corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

Jean de La Fontaine (1621-1695)

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L’Agrôle et le Rena

En 1850, le bétchio parlève inquère ; v’la c’quo disève :
Un jou d’hivia, quou ne fasève pas trop biau,
L’agrôle ère juchade au bout d’un baliviau
L’ère su daut moutade,
Pa fère son dinâ que l’aye prépara.
Embéi un groua fromage vainhiu de Chambéra
Le rena dépeu treis jous que n’aye pas de pain,
Aussitôt s’appeurché en fasant le câlin.
Eh, bonjou note dame, coumant vous pourtez-vous ?
Hela ! qué sé contint de vous véire chia n’zote !
Et vous trouve si gente embé quo nail mantiau !
Présoune dé le boux n’en pourte un aussi biau !
Votés souliés sont faits d’iune piau qué tant fine,
Et creyes que le ré n’en a pas de parés pindus à sa souline.
Ar sé é vous écouti dire iune chansou
Et cregus, oui ma foué, quou ére le rossignou
Si zère chabretère, par avi voté jeu
E’ doniau, é n’en jure, la méta de ma queue.
L’agrôle qu’ère enchantade de se veire vantade
Pa li douna l’aubade se meté à couana,
Son froumage dévalé dé la gueule do renâ,
Alle resté su-daut le bé bada.
Ma l’autre, li dissé, en migeant son fricot,
Ne si’a don pas si buse un autre co.

1932? Parody of La Fontaine's FC by l'Abbé Forichon with a black-and-white illustration of FC. Néris-les-Bains, France: Edit. Picandet. 50 Francs

Épitaphe

Qu'il joigne encor nos mains et rapproche nos fronts
Quand au fond du tombeau comme sur ces bruyères
Côte à côte étendus nous nous endormirons
Au chant des cloches mortuaires
Et puissent dans le ciel nos âmes voyager
Comme les sons jumeaux de ces cloches paisibles
Qui s'en vont deux à deux avec le vent léger
Vers les étoiles invisibles

Claude-Adhémar André THEURIET